Histoire de la présidence de l’Assemblée législative
Dans l’histoire des parlements britanniques, un dénommé Peter de Montfort fut le premier à être ce qu’on appelle aujourd’hui le président du Parlement. Nommé à ce poste en 1258, il avait pour rôle d’être le porte-parole du roi. Au départ, les présidents du Parlement étaient nommés pour une année seulement. En fait, bien des présidents n’ont même pas duré une année.
Un rôle dangereux
Dans les premiers temps, les parlements n’avaient pas de réel pouvoir autre que celui de fournir des fonds pour la Couronne. Ainsi, la monarchie traitait le Parlement et son président avec mépris. Entre 1394 et 1535, le roi alla même jusqu’à faire décapiter sept présidents du Parlement parce qu’ils n’avaient pas agi selon sa volonté. Le poste de président était donc loin d’être convoité parmi les députés comme il l’est aujourd’hui. Ces faits historiques liés au poste de président de l’Assemblée législative expliquent la tradition selon laquelle un président nouvellement élu fait mine de résister lorsqu’il est escorté jusqu’au fauteuil.
Défis au roi
Voici quelques exemples de présidents qui ont contribué à établir l’autorité du Parlement et de sa présidence :
En 1523, sir Thomas More s’opposa à Henri VIII et au cardinal Wolsey, soutenant que les Communes avaient un mot à dire dans les affaires de l’État. (Marsden, p. 95) Pendant qu’il était détenu dans la Tour de Londres pour ses infractions, il déclara qu’il préférait mourir plutôt que de convenir que le Parlement pouvait faire du roi le chef suprême de l’Église. (Marsden, p. 95)
En 1626, sir Henrich Finch, dans son discours au roi Charles Ier à l’occasion de son élection à la présidence du Parlement, déclara qu’il n’allait ni se laisser immobiliser ni se sous estimer et qu’il allait exécuter sa lourde charge publique au meilleur de sa capacité, avec dévouement et bonne humeur. (Marsden, p. 96)
En 1642, lorsque le roi Charles Ier entra en trombe dans le Parlement à la recherche de cinq députés qu’il voulait arrêter pour trahison, le successeur d’Henrich Finch, William Lenthall, déclara : « Qu’il plaise à Votre Majesté, je n’ai d’yeux pour voir et de langue pour parler que selon le bon plaisir de la Chambre, dont je suis ici le serviteur (…). » (https://bdp.parl.ca/About/Parliament/speakers/hoc/index-f.htm)
En 167?, sir Edward Seymour refusa de se rendre auprès du roi Charles II, qui voulait proroger le Parlement, parce que la Chambre des lords n’avait pas renvoyé le projet de loi sur les crédits à la Chambre des communes et déclara qu’il aimerait mieux se faire écarteler par des chevaux sauvages que de quitter le fauteuil. Quand il fut réélu à la présidence des Communes, le roi refusa d’approuver sa nomination. (Marsden, p. 99)
Sir Richard Onslow, élu président du Parlement en 1708, était un expert des précédents et des débats de la Chambre des communes. Sa ferme insistance pour l’observation du protocole contribua à accroître le prestige de sa fonction à l’intérieur comme à l’extérieur de la Chambre. Sa rigueur lui valut le sobriquet de Stiff Dick. (Marsden, p. 101) (Note de la traduction : Dick est le diminutif du prénom Richard en anglais, mais « dick » est aussi le mot en anglais vulgaire pour dire « pénis ».)
La présidence en Nouvelle-Écosse
En Nouvelle-Écosse, la lutte pour l’autorité parlementaire et celle de la présidence de l’Assemblée législative a été moins spectaculaire, mais non moins importante. En 1758, le premier projet de loi que l’Assemblée législative tenta de faire adopter visait à déterminer son autorité. Le gouverneur et le Conseil refusèrent d’approuver cette mesure législative et bien d’autres. À l’instar de leurs pairs en Grande-Bretagne, ils voyaient dans l’Assemblée une source de contrariété. La première loi qui fut finalement adoptée portait sur les droits de douane sur les importations de rhum. L’Assemblée servait uniquement à voter les crédits comme c’était le cas en Grande-Bretagne. Néanmoins, au fil du temps, le Conseil reconnut l’autorité de l’Assemblée et de sa présidence.
Voici quelques moments forts de l’histoire de la présidence de l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse :
En 1806, le gouverneur Wentworth refuse William Cotnam Tonge comme président de l’Assemblée législative. Les députés élisent un nouveau président. Toutefois, dans la réponse au discours du Trône, ils expriment leur mécontentement en soulignant qu’ils déplorent que le gouverneur ait exercé un élément de la prérogative de la Couronne qui n’était plus utilisé depuis longtemps en Grande-Bretagne et qui n’avait jamais été utilisé dans la province. (Journal and Proceedings of the House of Assembly, 1806, p. 11)
En 1825, Samuel George William Archibald, président, et James Boutineau Francklin, greffier, sont les premiers hauts fonctionnaires de l’Assemblée législative à porter une perruque et une toge en chambre.
De 1841 à 1843, Joseph Howe est président de l’Assemblée législative en même temps qu’il fait partie du Conseil exécutif (le Cabinet)
Présidents de l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse (1758 à aujourd’hui)
Titre | Parti | Mandat |
---|---|---|
Robert Sanderson | 1758-1759 | |
William Nesbitt | 1759-1783 | |
Henry Denny Denson | 1773 (pro tem) | |
Thomas Cochran | 1784-1785 | |
Sampson Salter Blowers | 1785-1788 | |
Richard John Uniacke | 1789-1793 | |
Thomas Barclay | 1793-1799 | |
Richard John Uniacke | 1799-1805 | |
William Cottnam Tonge | 1805-1806 | |
Lewis Morris Wilkins | 1806-1817 | |
Simon Bradstreet Robie | 1817-1824 | |
Samuel George William Archibald | 1825-1840 | |
Joseph Howe | 1841-1843 | |
William Young | Reformer | 1843-1854 |
Stewart Campbell | Liberal | 1854-1861 |
Alexander C McDonald | Liberal | 1861-1863 |
John Chipman Wade | Confederate | 1864-1867 |
John Joseph Marshall | Anti-Confederate | 1868-1870 |
Jared Ingersoll Chipman Troop | Liberal | 1871-1874 |
John Barnhill Dickie | Liberal | 1875 |
Mather Byles DesBrisay | Liberal | 1875-1876 |
Isaac Newton Mack | Liberal | 1877-1878 |
Ebenezer Tilton Moseley | Liberal Conservative | 1879-1882 |
Angus McGillivray | Liberal | 1883-1886 |
Michael Joseph Power | Liberal | 1887-1894 |
Frederick Andrew Laurence | Liberal | 1895-1901 |
Thomas Robertson | Liberal | 1902 |
Frederick Andrew Laurence | Liberal | 1903-1904 |
Edward Matthew Farrell | Liberal | 1905-1910 |
George Everett Faulkner | Liberal | 1910-1911 |
James Fraser Ellis | Liberal | 1912-1916 |
Robert George Irwin | Liberal | 1917-1925 |
Albert E Parsons | Liberal Conservative | 1926-1928 |
Daniel George McKenzie | Conservative | 1929-1933 |
Lindsay Cann Gardner | Liberal | 1934-1938 |
Moses Elijah McGarry | Liberal | 1939 |
Gordon Emerson Romkey | Liberal | 1940-1953 |
John Smith McIvor | Liberal | 1954-1956 |
Walter Selby Kennedy Jones | Progressive Conservative | 1957-1960 |
Harvey Alfred Veniot | Progressive Conservative | 1961-1968 |
Gordon Howard Fitzgerald | Progressive Conservative | 1969-1970 |
George MacGregor Mitchell | Liberal | 1970-1973 |
James Lawrence Connolly | Liberal | 1973-1974 |
Vincent James MacLean | Liberal | 1974-1976 |
George Raymond Doucet | Liberal | 1977-1978 |
Ronald S Russell | Progressive Conservative | 1978-1980 |
Arthur Richard Donahoe | Progressive Conservative | 1981-1991 |
Ronald S Russell | Progressive Conservative | 1991-1993 |
Paul W MacEwan | Liberal | 1993-1996 |
Wayne J Gaudet | Liberal | 1996-1997 |
Gerald Fogarty | Liberal | 1997-1998 |
Ronald S Russell | Progressive Conservative | 1998-1999 |
Murray Scott | PC | 1999-2006 |
Cecil P. Clarke | PC | 2006-2007 |
Alfie MacLeod | PC | 2007-2009 |
Charlie Parker | NDP | 2009-2011 |
Gordie Gosse | NDP | 2011-2013 |
Kevin Murphy | Liberal | 2013-2021 |
Keith Bain | PC | 2021-2023 |
Karla MacFarlane | PC | 2023 |
Danielle Barkhouse | PC | 2024 - |